29 oct. 2011

Pacifique, PQ

Margarine Thibault de Trois-Rivières sur les tablettes de Roes
Koné est en train de devenir Planète Québec.   Nous sommes près d’une cinquantaine de familles et/ou couples à vivre en brousse.  70 autres ménages s’en viennent au cours de la prochaine année.    

Si on passe le cap du 500 québécois sur la zone VKP (Voh-Koné-Pouembout), faudra ouvrir un restaurant Ashton.

Les locaux se font l’oreille à l’accent.  Rare sont les fois où je les vois prendre leur air de merlan frit, un point d’interrogation planté au dessus de la tête.  Je me suis d’ailleurs bien bidonnée avec la caissière du Discount l’autre jour qui me disait qu’elle prenait plaisir à apprendre les expressions du blanc pays.

« J’ai une canadienne qui a acheté un torchon, vous savez, un torchon? », m’explique-t-elle déjà prête à exploser de rire.

Elle pouffe comme une gamine et poursuit.

« Elle le montre à son mari en lui disant bien fort, ‘chéri j’ai trouvé un minou’ pour le ménage », s’esclaffe-t-elle.

Et? 

« Mais chez nous, un minou, c’est ceci », dit-elle en pointant son entrejambe et en hurlant de rire. 

Un minou pour épousseter, on aura tout vu!

**

J’ai parfois l’impression de vivre au Québec.  Pacifique, PQ.   Seule différence :  l’été ne se termine jamais.

Je papote 3 ou 4 fois semaines avec mes parents.  J’écoute Tout le monde en parle grâce à une application sur mon Ipod Touch, je lis La Presse, je me lève le matin avec le joyeux bavardage de la bande du Retour de Gilles Parents  au 93,3 à Québec.  C’est hier là bas, demain ici et le bonheur au présent.

Et malgré cette proximité avec mon pays, je ne cesse d’élargir le cercle planétaire des amis. 

Mes enfants ont un carnet d’adresses qui se lit comme un atlas géographique.  Clopinette a des potes en Nouvelle-Calédonie, en France, en Irlande, en République Dominicaine et à la Réunion.  Sans oublier sa bande du Québec.   Lulu s’apprête à faire son premier voyage solo en Nouvelle-Zélande.  Princesse des îles rêve de pouvoir travailler un jour dans un ranch en Australie.

La planète est  minuscule.  Une toute petite boule où il nous est possible d’aimer sans se soucier des distances. 

Je vous avoue toutefois que je m'ennuie un peu du blanc pays.  Une petite dose de froidure, des embrassades, le coude à coude avec les copines dans un pub et un repas du dimanche en famille vont me faire le plus grand bien.  Je vais aller recharger ma batterie made in PQ. 

Je retourne à Trois-Rivières dans le temps des fêtes.  32 heures et je serai chez-nous.  Trois vols, deux escales et un cœur qui bat.

Attendez vous à ce que je vous serre très fort dans mes bras. 

Atteint d'amyotrophie spinale de type 3 : Alain vit en appartement



Lâche pas Alain!  

C'est l'histoire d'un gars au Québec, Alain Gaudet, un valeureux qui a une armée de ptits anges.  Ils sont un peu comme son armure.  Sans oublier son moral trempé dans l'acier et sa tabarnouche de tête de cochon. 


Je pense souvent à toi, Alain!


Tu aimerais bien la Nouvelle-Calédonie.  Tu sais qu'ici, on apprécie les bons whisky!


Voici l'un des reportages qu'on a réalisé ensemble et qui a été diffusé à TVA en mars 2010.


Si vous voulez suivre mon ami Alain, voici le lien pour son blog:


http://www.ptitsanges.com/



23 oct. 2011

Tout nutella

Mixture noisette-chocolat.  A consommer sur du pain grillé ou autre mie de votre choix.  Variation pour les plus cochons:  tranches de bananes ou moitiés de fraises.


En mode "ticket de rationnement" si vous vivez en Nouvelle-Calédonie:  c'est ça le Nutella.


Mais ça s'apprête à changer.


Mini-révolution sur les tablettes des garde-manger:  le Nutella pourra être en vente libre.  Plus besoin d'un contact qui nous rapporte un kilo en douce après un voyage en Australie.  Le trafic de Nutella n'aura plus sa raison d'être.


La pâte à tartiner Noisetti et le Tartinella vont-ils survivre?  C'était des produits d'ici qu'on cherchait à protéger face au géant Nutella.  Les colonnes du temple seront secouées mais rien ne va s'écrouler.


Le sirop Aunt Jemima n'a-t-il pas encore sa place au pays du sirop d'érable?

20 oct. 2011

                                         Count your blessings


C’est une expression en anglais que j’aime beaucoup que je pourrais traduire librement ainsi : tenir les livres de comptabilité des petits bonheurs.

Trouver 1000 francs dans les poches d’un jeans sale

Le « maman, j’ai eu zéro faute dans ma dictée! » en arrivant de l’école.  Encore mieux qu’un bonjour 

Choisir le bon cheval pour la leçon d’équitation

Un weekend en camping avec météo 10 sur 10

Trouver une jolie robe dans un bazar à Koné

La première gorgée de Corona avec citron vert

Les enfants qui chantent en faisant la vaisselle

Recevoir une lettre par la poste qui n’est pas une facture

Lire un livre qu’on ne parvient plus à poser tellement il est bon

Changer les meubles de place

Une amie qui arrive à l’improviste

Courir



Tous les « maman je t’aime ».  Inconditionnellement

19 oct. 2011

Anne Marie Lecomte en cadeau

J’ai des chroniqueurs chouchous :  leurs écrits me procurent des moments de bonheur.  Je plonge dans la lecture de leurs articles avec délectation, comme dans un bain chaud.  Je ris de leurs bons mots, de la tournure des phrases, de la logique de l’argumentation et de la justesse de leur chute.  Foglia, Petrowski, Josée Blanchette.  Du bonbon.  Mais celle qui me touche le plus, c’est Anne Marie Lecomte.  Je n’étais pas abonnée à Chatelaine, j’étais abonnée à sa chronique « Sainte Famille! ».  Mois après mois, je suivais les péripéties d’Anne Marie dans son quotidien tissé de mille et un petits riens touchants.  Je jalousais secrètement son style ingénu et désopilant.  Je lui ai sans doute piqué deux ou trois jolis mots.  Mais ce que j’aimais plus que tout, c’était son sens de l’auto-dérision.   Elle, la mère-forteresse prête à tout pour ses petits, avouait bien humblement ses failles.    À mon départ pour la Nouvelle-Calédonie, j’ai rangé mes vieux « Chatelaine » et coupé les liens bien malgré moi avec ma préférée.
photo Louise Godbout-Relais de Poingam

Puis un jour,  j’ai appris que son fils aîné s’était suicidé.  Et ce jour là, j’ai eu envie de pleurer.  J’ai ravalé mon chagrin parce que je me trouvais en promenade avec des copines.  Nous allions à la tribu de Tiaoué et nous étions toutes aux coudes à coudes dans un Kia, cramponnées à chacun des nids de poule que nous franchissions, à se faire secouer. Ma bonne humeur s’est envolée d’un seul coup.  Je ne voulais pas pleurer devant mes nouvelles amies.  Peur de me montrer fragile.  Peur de dévoiler mes craintes les plus obscures.  Et si c’était mon fils?

Il y a un peu plus d’un an, nous avons arraché Lulu à sa vie, à sa gang de secondaire IV au P.E.I., à sa première blonde.  Mon beau Lulu a perdu son sourire à fossettes.  Sur le fond d’écran de son ordinateur, il avait mis un paysage idyllique d’une plage du Pacifique et avait écrit par-dessus :  FUCK LA CALÉDONIE.  C’est le seul cri qu’il a poussé.  Il s’est ensuite refermé comme une huître. 

Pendant ce temps, la cadette râlait ferme.  Nous étions des parents nuls et sans cœur.  C’était comme une tempête :  j’étais debout au milieu de ma petite barque en train de me faire fouetter par les vagues et je lui répétais :  « non, non, tu ne vas pas couler… »   Même si Clopinette me soûlait avec sa révolte, au moins elle se vidait le cœur.  Je pouvais cueillir les morceaux.  Mais avec Lulu, rien.

Le drame d’Anne Marie Lecomte m’a replongée dans ce malaise diffus, cette impression d’avoir les mains liées, attachés dans le dos.  Incapable de prévoir l’imprévisible.  Lulu avait peut-être retrouvé son sourire à fossettes mais il y manquait toujours un peu de lumière.  Comme par hasard, je l’ai surpris les jours suivants en train de feuilleter l’album photos de ses amis du Québec.  Inquiète, je lui ai écrit une lettre que j’ai posté sur mon blog le 11 avril dernier  (Lettre à mon aîné).  En fait, j’ai écouté le conseil d’Anne Marie qui disait « regardez les chaque jour avec attention et bienveillance ».

Je scrute.  Je garde tous mes sens en éveil.  Mais même le faucon le plus puissant peut laisser filer une souris.  Une souris qui part sans faire de bruit. 

Comme parent, on n'arrête pas de grandir, même quand nos enfants s'apprêtent à partir.  Fin 2012, mon aîné devrait quitter le nid pour aller faire sa vie au Québec alors que nous poursuivrons notre aventure ici.  Les étreintes de mon beau grand Lulu me font plaisir.  C'est sa façon de me dire qu'il va bien.   Lui qui parle si peu, lui qui, comme sa mère, préfère cacher son chagrin pour ne pas tourmenter les autres, s’apprête à faire le grand saut et à devenir un adulte.  Je vais le regarder…le regarder partir.  Ouf!  j'ai le vertige!  Comment vais-je calmer mes angoisses passagères?  En les partageant, tout simplement.  Comme Anne Marie Lecomte l’a fait. 

Elle est d’ailleurs de retour.  C’est une amie qui m’a offert Anne Marie Lecomte en cadeau d’anniversaire.  Elle m’a tendue le Chatelaine de septembre 2011 en me disant :  « voilà, je sais que tu t’ennuyais de ta préférée… »  Ah, cette Dominique!  Elle m’avait bien observée…

Je suis heureuse de retrouver ma chouchou.  Je me suis plongée dans la lecture de sa chronique en suçotant le bout d’un ongle, encore un peu jalouse de ses si jolis mots.

Bon retour, Anne Marie.

Les surhommes

Il y a si peu de cyclistes en Nouvelle-Calédonie.  Le hasard a voulu que je croise la route d'un couple d'amis néo-zélandais qui bouclait la boucle du caillou:  2000 kilomètres pour faire le tour de la grande terre.
Au cours des 4 dernières années, ils avaient déjà fait l'Europe deux fois en tamdem, d'est en ouest, et du sud au nord.  La Calédonie les a surpris avec ses cols vertigineux et une route où les cyclistes sont considérés comme de drôles de bébittes qui peuvent se faire écraser comme de vilains cafards.  Les plus beaux paysages selon eux?  Hienghène et Pouébo.


Je suis bien d'accord avec eux!

16 oct. 2011

tr.toonpool.com

Coup de gueule

Ça s’appelle une banque et c’est fait pour planquer vos billets.  Vous allez au comptoir, vous dites « Bonjour! Je veux faire un dépôt! », on prend votre chèque pour le frapper de 2 ou 3 féroces coups de tampons.  Boum! Schlack! Boum! et on file le chèque dans un mystérieux tiroir secret avec les autres spécimens dûment tamponnés.

Vous vous dites, « Ahhh, je suis maligne, je mets de l’argent en banque.  Je ne vais pas m’enfuir à Bali avec cette petite cagnotte.  Pas de folies.  Je fais de l’épargne…. »  C’est tellement plein de bon sens même si c’est ennuyant, l’épaaaaârgne, comme une émission spéciale à TF1 sur les primaires des socialistes en France.

Je quitte la banque avec l’âme en paix d’une première communiante.  J’ai déposé un gros chèque.  Chantons tous :  Halléluia!

Pour décupler le plaisir de l’épargne, allons de ce pas sur internet :  on pitonne les codes (pas votre anniversaire ni les initiales de vos enfants, faites un peu d’algorithme et creusez vous le coco…) et on va voir directement les colonnes de chiffres.  Petits frissons de bonheur en voyant le montant côté crédit.  Ça brise la longue et monotone litanie de la case débit.

Mais là, ça déraille.  Y’a pas de chèque.  Pas même un zéro.  QUÉ PASA?

Je vous le donne dans le mille : le chèque trituré, tamponné, défroissé, strappé dans une belle grosse liasse a été PERDU.   Oui, madame, oui monsieur.  Je fais affaires avec une banque qui perd des chèques. 

Vous voulez savoir comment elle s’appelle, cette banque?

Notez bien le nom :  la SGCB

Société Générale Calédonienne de Banque. 

Vont-il compenser pour la perte de ce chèque pour pouvoir enfin me procurer les frissons de l’épargnante-communiante?  Nooooon….La banque cherche le chèque!   Trois mois de recherches exhaustives.  On aurait aperçu la chose quelque part dans une institution bancaire de New York avant de perdre à nouveau la trace de mes 60 mille bâtons.  On parle ici de 700 dollars puisque nous sommes dans la confidence.  Après tout, un chèque n’est qu’un vulgaire bout de papier.  Même trituré, tamponné, défroissé, ça peut ressembler à un bout de papier hygiénique.  Ça doit être ça…Il faut trouver une explication, c’est si peu rationnel qu’une banque perde un chèque.

Et puisque j'ai l'âme d'une communiante, je dois faire preuve de patience.  Ferme les yeux et aie la foi, mon enfant.  Le chèque va sans doute apparaître.  Un jour peut-être.  Et arrête de demander quand!  

Est-ce que je pourrais perdre la trace de tout ce que je paie à la SGBC en frais annuels?  Ben non, la banque peut toujours me retrouver.  Comme c'est bizarre!  

Je vais arrêter d’en parler parce que je sens que je vais me fâcher. 

J’aurais dû m’enfuir à Bali. 

14 oct. 2011

Mère Courage






Il suffit de dire "Nouvelle-Calédonie pour que naissent à votre esprit des images de paradis:  le Pacifique et son lagon turquoise, le soleil à longueur d'année, le climat tempéré.  "La vie pourrait être pire!", nous dit-on parfois pour nous rappeler notre chance.


Ici comme partout ailleurs, la vie devient effectivement pire quand on a le cancer.  Le camaïeu de bleus et les chauds rayons qui filtrent entre les rideaux ne peuvent pas estomper l’implacable tournure du destin lorsqu’on apprend qu’on est atteint de ce mal.   

La société canadienne du cancer a dénombré 23 400 cas au cours de la dernière année dans tout le pays, d’un océan à l’autre.  Le choc est peut-être parvenu jusqu’à vous au cours des derniers mois:  c’était votre mère, votre sœur, votre tante.  Pour ma part, il s’agissait de ma voisine établie depuis peu en Nouvelle-Calédonie.

Geneviève émerge d’une longue bataille.  Il y un an et demi, elle déposait ses valises dans sa villa avec son mari et ses quatre enfants sans se douter que l’aventure en Nouvelle-Calédonie lui réservait une sombre surprise.  Elle coulait des jours heureux.  Les trois plus vieux à l’école, le petit-dernier encore avec elle.  Geneviève n’a pas une once de mère indigne en elle.  Elle est tellement heureuse d’être ainsi comblée par  une si belle famille!  Vous ne serez pas étonné si je vous dis qu’elle allaitait encore son « bébé » de deux ans. 

Un jour, elle va chez le médecin avec lui pour faire vérifier ses oreilles.  Elle soupçonne une otite.  Elle en a déjà vu d’autres!  Elle en profite pour dire au médecin que ses seins lui font mal.  Probablement une mastite. 

« Mastite?  Nous allons plutôt faire une mammographie », lui dit le docteur.

C’est à partir de ce moment que les résultats ont déboulé :  cancer inflammatoire, une forme rare qui vous surprend telle une gifle envoyée d’on ne sait où.  Une vie chamboulée.  Comment peut-il en être autrement lorsqu’on se réveille un matin avec deux seins en moins et la peur au ventre?

Et pourtant, Geneviève se lance tête baissée dans cette bataille.  Loin de sa famille, elle rassemble toutes ses forces pour écrire un long courriel destinés à tous ses proches.  Même malade, elle se fait rassurante.
« Je n'ai jamais voulu m'identifier au clan des cancéreux; comme si en me faisant coller cette étiquette, cet état s'installerait pour de bon et se reflèterait sur mes mécanismes de défenses naturels (Durant mes méditations, je les appelle mes naturals killers. Ça sonne plus féroce que globule blanc!) » 

Geneviève ne fait pas de cachettes lorsqu’il est question de cette épreuve.  Elle a fait de son cancer sa bête féroce qu’elle sort partout.  Je l’ai déjà vue faire ses courses le sourire aux lèvres et le crâne dégarnie.  Il m’est alors venu à l’esprit que c’était comme ça qu’on brisait le tabou lié à cette maladie :  en affichant sa rage de vivre et en la communiquant aux autres.  C’est tout naturellement que Geneviève a confié à ses propres enfants le soin de couper chacun une mèche de ses cheveux.  Les siens tombaient en cascades bouclées et blondes jusqu’au milieu de son dos.  Avec toute la tendresse du monde, elle a expliqué à Rosalie, Xavier, Ophélia et Damien qu’il s’agissait là d’un passage obligé dans ce long dédale d’épreuves qui la mènerait jusqu’à la guérison.

En septembre 2010, elle subissait une double mastectomie.  Il lui a aussi fallu se soumettre à la chimiothérapie.  Là encore, Geneviève ne se laisse pas abattre même si elle confie sa grande souffrance à sa famille lorsqu’elle revient chez elle avec un traitement curatif qui, loin de la décourager, la galvanise.
« Cet éveil au présent, je l'ai ressenti suite au changement de médication en septembre, à mi-chemin de mes cures de chimiothérapie. Le nouveau cocktail appelé bombe atomique par mon cancérologue m'a littéralement fait connaître l'irréaliste abîme de la souffrance pendant les soixante douze heures suivant son injection. Divinement, à chaque fois, je renaissais encore plus investie dans ma vie où tout s'illuminait à nouveau! Alors qu'est-ce donc de perdre des seins quand ont a gagné la vie? »

Après la chimiothérapie, il a fallu poursuivre avec la radiothérapie.  Pendant les grandes vacances scolaires, elle a passé un peu plus de deux mois à Sydney pour y subir son traitement.  Son amoureux et sa petite tribu ont évidemment fait le voyage avec elle.  Comment peut-on accomplir une autre traversée du désert sans avoir à ses côtés les êtres les plus lumineux de l’univers? 

J’étais contente de la voir de retour.  Si vous saviez comme cette femme est belle!  En revenant d’Australie, elle arborait un look à la Annie Lennox, cheveux ultra-courts et blonds, petites lunettes de soleil rondes, jupes colorées et regard toujours aussi avide.  Habitée par le bonheur, illuminée jusqu’à l’intérieur lorsqu’elle rit un bon coup comme une gamine.
Elle a passé le mois de juillet auprès des siens au Québec.  Refaire le plein, manger des fraises, boire la pluie, s’étonner du soir qui tombe vers 21 heures…Vous savez, ces petites bulles de bonheur que l’on souffle avec une douce sérénité? 

Il lui a fallu une semaine ou deux pour se remettre du décalage horaire lorsqu’elle est revenue à Koné.   Geneviève essaie de se convaincre que la Calédonie n’est pas ce pays où l'on souffre du cancer sous les tropiques. 

Lorsque j’entends ses enfants qui courent et crient en jouant à cache-cache, je les sens heureux et…confiants.  Cette confiance, ils la doivent à la force de leur maman.  Une force aussi grande que la barrière de corail qui ceinture notre beau pays.  Les vagues peuvent bien se déchaîner dans des bouillonnements d’écume mais il restera toujours un endroit tranquille à l’intérieur du lagon où on peut plonger sans avoir peur d’être emporté par les flots tourmentés.  C’est aussi ça la Calédonie de Geneviève.

7 mois se sont écoulés.  Ma voisine a encore changé de look.  Ses cheveux encadrent son visage et tombent en boucles souples.  Avec une pointe d’auto-dérision, elle pose ses mains sur sa poitrine pour mettre en valeur son joli corsage.  C’était, il n’y a pas si longtemps, une blessure.  C’est devenu la marque de la survivante.  
Une marque qu’elle a bien évidemment révélé à toute la famille, enfants et mari.  Geneviève partage leur réaction :

« Lors du moment cruciale de révélation de mon nouveau torse, Damien a dit du haut de ses trois ans:
-Ils sont petits maintenant tes seins!
Ophélia dans toute sa perspicacité a répliqué:
-T'en fait pas maman, ils vont repousser!
Tandis que mon bon Xavier à l'âme si charitable pour sa petite maman, a répondu d'un ton agacé en regardant ses cadets:
-On ne dit pas ça à sa mère!
Et pour évidemment sauver la situation, l'aînée Rosalie a pris la parole avec tout son dynamisme que je lui connais:
-Maman, tu te rends compte, tu t'es fais enlever ton cancer? Tu n'as plus de cancer maman!
Pendant tout ce temps, mon tendre chéri reste contemplatif face l'image de sa précieuse petite Geneviève et rajoute avec toute son affection sincère habituelle mais avec une honnêteté étonnante:
-Ce n'est pas si laid que ça! C'est même beau! »

Octobre est le mois du cancer du sein.  Il s’agit d’un temps d’arrêt pour bien prendre conscience des enjeux de cette maladie. En France, près d’une femme sur 10 devra faire face à un tel diagnostic.  Les progrès récents dans les traitements comme la chimiothérapie ont favorisé la guérison d’un plus grand nombre de cas.  La recherche est encore et toujours le nerf de la guerre.  Pour Geneviève, il faut se battre tous les mois de l’année.  Avec son habituel entrain, elle conclue ainsi :

  « Et moi, il faudrait que je sois triste en ce moment et que je joue dans le mélodramatique? Jamais!!! Maintenant, je connais l'ivresse de la béatitude, l'euphorie de vivre! »

Merci Geneviève.  Ta force nous inspire.


9 oct. 2011


Rouler intelligent :  les bons arrêts entre Koné et Nouméa

Deux Ipod chargés à bloc dans ma boîtes à gants, une poignée de francs pacifiques, une bouteille d’eau et me voilà prête à prendre la route.  266 kilomètres séparent Koné et Nouméa.  Certains vous diront que vous pouvez vous en tirer en bas de deux heures et demi mais ne les croyez surtout pas.  Ce sont ceux qui dévorent le bitume sans rien voir, trop obsédés à rouler à 130 km/hr. 
Il faut  compter trois heures minimum pour arriver à bon port.   Et tant qu’à y être, cochez « absent pour la journée » à l'agenda.  Il y a des arrêts qui valent le coup.  Je vous emmène.

Sortir de Pouembout

Il y a à votre gauche le plateau de Tia et de l’autre côté de la RT1, les tétons de Goyetta :  deux petites collines dressées comme des Girls (une expression de ma copine Helen) au garde-à-vous.   Branchez la musique, c’est parti pour le concert solo dans le confort de votre auto.  

Pogner la flemme à Poya

Il n’y a rien qui m’endort plus que de rouler en bagnole.  Quand c’est chéri qui conduit, tout baigne.  J’ai d’ailleurs le menton bien humecté de petite bave fraîche.  Mais lorsque c’est moi qui ai le volant, alors je programme une pause « power nap ».  10 minutes de sieste au pied de l’église et je redeviens comme neuve.


Claquer du fric à Bourail

Pourquoi faire trois heures de route pour soulager une crise de shopping aiguë à Nouméa alors qu’en 75 minutes seulement, on peut satisfaire la shopaholic en manque?
Commençons par le paradis de la déco intérieure, un endroit qui vous fera désormais lever le nez sur tous les Home Sense de la terre :  Soleil d’Asie.  J’ai craqué en arrivant ici et j’y ai acheté un mobilier de jardin sur lequel je pourrais traînasser des journées entières.  Linge de maison, lampes, bibelots, meubles en bois de teck…Le slogan de la maison?  Meubles et décorations à prix zen.   Belle boutique pour le yoga-shopping!

Pas très loin de là, le Petit Bazar…C’est un magasin joyeusement bric-à-brac où on peut trouver n'importe quoi, même des sandales de soirée pour pas cher.  Et avouez que les fleurs en plastique, ça donne envie de se lancer dans le jardinage!

Il y a plusieurs excellents petits restos et boui-boui.  J’aime bien casser la croûte chez Aloha Pizza.  On a emménagé une superbe terrasse intérieure à l’ombre d’un grand arbre.  Le propriétaire a eu la délicatesse de planter un portail avec balançoires et glissoire pour les familles qui veulent manger sur le pouce.  Les menus du jour sont honnêtes.  Il y a aussi une sélection de plats fast-food pour les bédaines accrocs aux bons vieux hamburgers-frites.



La douceur de Moindou

C’est un tout petit, mais alors là, tout petit village :  Moindou.  C’est devenu mon arrêt chouchou en raison de la bonne humeur contagieuse de Daniela, la propriétaire de l’épicerie aux 2 cocotiers.  La façade pimpante doit y être pour quelque chose!  Je craque toujours pour le duo magnum-limonade Solo, une crème glacée vanille enrobée de chocolat sur bâton et une bonne limonade bien fraîche.   Et puis on a besoin d’une pause-gâterie après deux heures de route!  Ici, je suis certaine de retrouver le sourire rassurant de Daniela.  C'est comme une rasade de bulles de bonheur!



Arrêt au puit pour faire le plein de légumes





Un must: le kiosque avant la Foa, au coin de la transversale Farino-Sarraméa.  Production locale abondante à petit prix.  Contrairement à certains kiosques où on paie en glissant l’argent dans une boîte, on peut discuter avec les commerçantes sur place en faisant directement affaires avec elles.
Autre bon plan, c’est Chez Kaline, un marché sous la tente près du col des arabes juste à la sortie de Bourail. La dernière fois que j’y suis allée, il y avait même des fleurs!  Je ressors toujours de là avec une boîte bien garnie.


Rage de cinéma?  Y’a la Foa

Les maniaques de cinéma doivent se résoudre à faire plus de deux heures de route pour un film de 90 minutes… La vie est ainsi faite, il faut parfois distiller les plaisirs de la vie pour mieux en apprécier toute la finesse.  Les boulimiques du 7e art peuvent aussi se rattraper lors du Festival du cinéma de la Foa qui se déroule pendant une semaine complète en juin.


Bar à "thé".




Road Movie

Il se passe un truc étrange :  j’aime Eric Lapointe.  Est-ce le fait de me retrouver la tête en bas sur ce côté-ci de la planète?  La voix rocailleuse du rocker me tire des larmes de bonheur lorsque je l’entends chanter comme si sa vie en dépendait :  « poussé par le vent, partout où la route te mène quelqu’un t’attend… »

Il m’arrive de sauter dans mon char, direction Nouméa pour aller voir ailleurs si j’y suis toujours.  Me retrouver, les mains dans les poches, le nez au vent, le visage tourné vers la mer.  Petite pause pour s’abandonner aux chimères, s’inventer une vie où  tout est possible.  Et puis finalement, se réveiller au milieu de ce songe avec la sueur au front, baignée de soleil.  Et finalement, voir comme c’est bon, ici dans cet instant présent.


Voici Eric Lapointe, version fêtes de la St-Jean en 1998.  


7 oct. 2011

Un beau cadeau:  retour dans le studio de TVA-Trois-Rivières (mon deuxième chez-moi...) avec mon amie Catherine Brisson.  La vie en Mauricie grandit de belle façon!  J'ai eu la chance de lancer ce magazine socio-culturel en 1991.  Catherine l'anime aujourd'hui avec une chaleur et un professionnalisme qui font honneur à l'émission.  Première portion:  super Robin, monsieur remise-en-forme et par la suite, une entrevue sur notre première année en Nouvelle-Calédonie via skype.

2 oct. 2011








                               Le paradis

Il y a des bouts de plage qu’on croyait qui n’existaient que sur les fonds d’écran d’ordinateur.  Du bleu liquide au bout des doigts.  Une onde frémissante et poissonneuse .  Une gerbe cristalline soulevée en traînant les pieds sur la plage.  Et l’envie de se fondre dans ce rêve éveillé. 

Je jette un regard au dessus de mon épaule.  Il n’y a pas de complexe hôtelier blanc pur.  Pas de chaises longues sagement alignées pour boire ce paysage.  Pas de bar ni de pina colada sous un parasol de cocotiers.

C’est la côte déchiquetée, la mangrove, deux ou trois vieilles bouteilles qui traînent.  Une noix de coco germée.  Et cette impression de bout du monde qui fait frissonner même à 30 degrés.

Je suis ici.  Au paradis.