30 août 2011

    Naufragée dans une allée d’épicerie.

Photo:  Google

« C’est où Géant Ste-Marie? », suis-je en train de geindre à une voisine qui a trouvé le passage secret vers cette grande surface de Nouméa.

« Ça s’appelle Géant et tu n’es pas capable de le dénicher dans une ville grande comme une planche de surf?", lance-t-elle à la rigolade.

Eh non!  C’est l’impasse à tout coup lorsqu’il me prend une envie de stocker six paquets de macaroni en faisant un détour dans une épicerie digne de ce nom.  Je tourne et tourne au rond-point Magenta avec l’envie de sauter dans un hélicoptère pour localiser du haut des airs le supermarché colossal.   C’est le fantasme de la broussarde, imaginer se ruer vers les allées débordantes de vivres comme s’il s’agissait de se tailler une place au parterre lors d’un show de U2. 



Je vous ai déjà saoulé avec ça:  Koné n’a pas inventé les hypermarchés.  Dans notre petit bled de 6000 âmes,  toutes les épiceries font  magasin général à la puissance 10.  Et c’est plutôt, disons…folklorique comme concept.  Très très…coloré.  Des magasins qui ont vu neigé même si on est en Calédonie.  Ça vous donne un peu la mesure.

Après avoir arpenté les trois allées déglinguées chez « Roes », dépitée et prête à tout pour enfin tenir un pied de céleri bien emmailloté dans sa pellicule plastique, me voilà à Nouméa avec la ferme intention de débusquer ce Géant planqué je-ne-sais-où.  On m’a avertie :  je devrais le dénicher sous une allée de palmiers stratégiquement plantés là pour faire écran à mes désirs inassouvis de consommation outrancière.  JE VEUX REMPLIR UN CADDIE À RAS BORD!

Et finalement, le voilà :  le Géant de mes rêves les plus fous, planté là au bout d’un parking grand comme trois centre Bell. 

Les portes s’ouvrent et je marche lentement pour m’imprégner de cette sensation grande surface/grands frissons. 

Je parcours les allées et puis…. Et puis rien.  Je ne bande pas.  Frigide. 

Aussi dépitée que dans une allée déglinguée de Roes, non pas par manque de choix mais bien parce que ça me donne un peu la nausée d’avoir sous le nez des boîtes de petits pois déclinés en 14 marques.  Les portes du Géant m’ont recrachée vers le parking avec trois sachets de préparation à tacos « Old El Paso » sous le bras.  Pathétique.

Mais tout n’était pas perdu.  J’ai retrouvé ma vigueur jouissive de bonne vieille surconsommatrice sur le chemin du retour lorsque je me suis arrêtée dans un marché de fruits et légumes sous une tente en entrant à Bourail.  J’ai dévalisé la place, sourire aux lèvres.  Il y avait même du céleri!

Koné commence à déteindre sur moi.  Je suis en train de devenir une consommatrice qui a la phobie des superlatifs.  Hyper et Super?  Pas si Extra.  Et assurément pas Géant.  

29 août 2011


Mary Popinée

C’est mon uniforme des Jeux du Pacifique :  la robe popinée qui décline le logo turquoise, oranger et blanc. 

Les quelques québécois qui m’ont vue dans mes habits d’apparat ont relevé une certaine parenté avec la robe de Moman dans la p’tite vie.  J’avoue qu’avec un bonnet, on n’y verrait que du feu.

J’accompagne les délégations pour leur servir d’interprète.  La plupart des athlètes s’expriment en anglais seulement.

Le travail n’est pas trop stressant.  Comment pourrait-il l’être quand on passe la journée dans une tenue aussi baba-cool?   

photo: franceinter.fr

Sarkozy, cool et diplomate

Le président français Nicolas Sarkozy vient de décrocher un 9,5 avec cette visite sans fausse note sur le caillou à l’occasion des XIVe Jeux du Pacifique.  Des mots sont revenus au fil des ses allocutions :  « bâtir la paix, créer un espace de liberté, respect des choix ».  

Pas de manifestations, pas de coups de gueule, pas de tarte à la crème à l'atterrissage d'Air Sarko One.  Rien que la Pacifique Attitude, le slogan des jeux qui s'est imposé de lui-même comme un mot d'ordre pour accueillir le président. 

Il faut savoir que la Calédonie est à l’heure des décisions cruciales sur son avenir.  Indépendance ou association avec la France?  L’accord de Nouméa de 1998 a fait table rase d’un passé colonialiste en posant les jalons de l’accession à l’autodétermination.   Un référendum devrait se tenir au plus tôt en 2014 et au plus tard en 2018.  Il deviendra l’expression d’une toute petite nation avec un riche passé culturel qui se trouve à la croisée des chemins :  république indépendante libre du Pacifique ou un état autogouverné associé à la France?  

Partout où il est passé, Nicolas Sarkozy a joué la carte du consensus.   Comme ici à Vavouto, le président français se tenait debout sur une petite tribune au coude à coude avec les travailleurs du projet Koniambo, un projet qu’il a qualifié de « cathédrale »  et qui correspondait, a-t-il dit, à « la Calédonie de mes rêves, celle que j’aime… La Calédonie qui est capable de bâtir avec tous ses enfants un projet mondial comme celui de l’usine du Koniambo». 



photo:  lejdd.fr
Le projet minier est le fer de lance des habitants de la province nord, majoritairement kanaks.  La brousse se surprend à rêver d’une capitale du nord où la vie sera aussi douce qu’à Nouméa. 

"On peut bâtir un avenir de paix et de justice sur cette réalité, cette culture multiple, européenne et mélanésienne", a rappelé Nicolas Sarkozy, ajoutant que "personne ne doit s'excuser de sa culture, ou renoncer au souvenir de ses ancêtres".  

Et ici, le souvenir des ancêtres n'est pas un vague concept.  On lui sert la main, on lui fait l'accolade et on le côtoie tous les jours.

Chapeau Sarko pour ta franche ouverture.

 


24 août 2011

Mercredi  $/?&&*())*?$//

Je suis une mère avec trois ados et les mercredis me dépossèdent.  Ils arrivent comme une bande de ratons laveurs dans la cuisine à onze heures et demi et le tintamarre de leur ventre creux enterre mon Ipod qui joue du Madonna en boucle.  Les enfants n’aiment pas Madonna.  Moi si.  C’est pour ça que nous ne sommes pas faits pour cohabiter le mercredi.

Le calendrier scolaire français a décrété depuis Sacré Charlemagne que mercredi après-midi, c’est congé.  C’est la journée où je m’arrache une petite poignée de cheveux.  Oui, il m’en reste encore mais il ne faut pas que Chéri renouvelle son contrat en Calédonie.  3-4 ans, c’est le max sinon je craque.  Et je serai chauve.

La bande se pointe et furète dans le frigo prête à harponner la dernière tranche de jambon ou les restes de la veille.  Ils se bricolent un en-cas, se le foutent sous le bras en se traînant jusqu’à l’ordi et ruminent leurs milles et une récriminations en constatant qu’ils ont 47 notifications sur Facebook…Oh, ça va être long, très long!  Il est midi ici et on est en plein « rush hour » internet au Québec, c’est-à-dire qu’il est 21 hrs la veille et les copains sont dans le fuseau horaire le plus actif .   

Facebook sent la surchauffe, Messenger joue les « back up » et on skype avec grand-mère en jetant un œil sur le dernier clip casse-gueule du skater blanc de Los Angeles avec des rastas.  Ou le dernier tube de Colonel Reyel qui roule sur "Repeat" ad nauseam.  Ou le nième épisode d'une série de vampires poudrés sur YouTube.  Internet est une autoroute pavée par les ados.

Ils engouffrent les pâtes au beurre, les œufs au plat, les tartines de nutella (quand il y en a), les miettes du cake de la veille et ils décrètent en rotant comme des wawarons, « m’man, c’est l’heure! » et me voilà qui enfile ma casquette de chauffeur de taxi, démarre l’horodateur, branche le Ipod sur mes tubes ringuards et fonce vers la plage, le stade, la bibliothèque, le manège équestre et revient sur mes pas en refaisant le trajet dans l’autre sens en saupoudrant un arrêt à la poste et à l’épicerie.  Arrivée à la maison, je coupe le contact et j’attaque un roman en caressant le volant.  Oui, je reste dans mon « char », comme le chante Desjardins.  J’y suis, j’y reste, c’est devenu mon antre, ma caverne, mon bout de bonheur.  C’est ici que « terminus ! tout le monde descend » et que je me retrouve en paix.  Les mercredis m’ont fait découvrir l’espace infini qu’il pouvait y avoir entre un volant et la banquette.  C’est ici que je finis mes rêves avant d’ouvrir la portière pour affronter à nouveau mon rôle de mère au foyer.  

22 août 2011

Info bric-à-brac

Le calme (douloureux) après la tempête 
Image Calédonie 1ère
La cocotte-minute a explosé à Maré dans les Loyautés.  Les vieilles rancoeurs, l’intenable vie chère, la douloureuse insularité, tout ça mijotait depuis quelque temps déjà. Même au paradis, on peut devenir un peu fou :  l’alcool a coulé à flots et l’amertume s’est transformée en tourmente pour finir dans la plus pure violence.  4 jeunes sont morts.    Les gens sont encore hébétés, voire même traumatisés.  L'épisode du pardon est tout de même entamé.


Essuyer la tempête (avec un sourire narquois)
2500 litres, ça ressemble à ça :  une grosse poubelle.  Remplissez à ras bord d’acide sulfurique concentré à 98% et balancez dans le lagon.  Dégât assuré.  Vale Inco, un autre projet minier pharaonique situé au sud de la Calédonie, a merdé en 2009 avec cette fuite qui n’est pas passé inaperçue.  On a ramassé à la pelle deux mille poissons flottant ventre en l’air.  Jamais bon signe, ça.  Les écolos réclame le gros prix.  Combien pour la bourde?  Nada, nothing, niets, RIEN.  Pourquoi?  Le délai de prescription d’un an était écoulé. 
(source:  Les Nouvelles Calédoniennes)

Décision intempestive?
images Calédonie 1ère
Miss Calédonie plaque sa couronne pour une histoire d’amour.  Les hommes et les miss, ça ne fricote pas, qu’on se le dise.  Belle aubaine pour la dauphine Océane Bichon qui pourra poursuivre son rêve de princesse lors de la prochaine élection de Miss France.  Petit train va loin.

Une tempête à l’horizon?
Nicolas Sarkozy en Nouvelle-Calédonie pour les cérémonies d’ouverture des XIVe Jeux du Pacifique.  Il se pose deux jours avec son très bling bling « Air Sarko One », dixit le quotidien Le Monde.   Monsieur « Casse toi pauvre con » aura peut-être quelques pancartes brandies sous son tarin.  L’intersyndicale qui dénonce la vie chère en Calédonie veut jouer les casse-couilles à l’occasion de la visite officielle.  Espérons que ça ne va pas foutre le bordel à Koné.  Sarko nous fera l’honneur de venir en Province nord pour aller voir de plus près le projet mammouth de la mine de nickel à Koniambo.  Hola! Mister Sarko!

21 août 2011

Niue

Si fragile...










Vous avez certainement remarqué tous ces itsy-bitsy petits pays qui défilent lors des gigantissimes cérémonies d’ouvertures des jeux olympiques?   L’armée des américains, chinois, australiens, canadiens et autres donnent la mesure du décompte des médailles alors que surgit soudain une grappe d’athlètes en costume étrange massé sous la bannière d’un pays dont on ignorait l’existence.

Et bien tous ces petits pays se donnent rendez-vous ici, en Nouvelle-Calédonie dans moins d’une semaine.  Nous allons vivre au rythme des  XIVe Jeux du Pacifique.

Palau
Tuvalu








Les quoi?  LES JEUX DU PACIFIQUE.  3500 athlètes provenant de 22 pays.  Une poignée d’îles comme une constellation éparpillée en Océanie.  La plus populeuse est la Papouasie-Nouvelle-Guinée avec 6 millions et demi d’habitants.  Mais il se trouve aussi des coins du monde étonnants, comme le Niue, république indépendante où vivent 1500 citoyens.   Question quiz :  quelle est la capitale de Niue?  Alofi.  Une toute petite capitale…imaginez la taille des villages!  On en compte 5 en tout.

Les Iles Cook, Tonga, Norfolk, Tokelau, Nauru, Guam, Palau, Vanuatu, Tuvalu, les états fédérés de la Micronésie…C’est le dépaysement lorsqu’on épluche le programme officiel des jeux. C'est comme un cours de géographie en accéléré d’un coin du monde qui pourrait être rayé de la mappe si on ne prend pas les grands moyens pour en finir avec le réchauffement climatique. 

Kiribati
Prenez Kiribati...un chapelet d'îles, des atolls, où la vie devient chaque jour un défi pour 99 mille personnes.  Le président de la république, Anote Tong, ne parle pas la langue de bois et ne porte pas de lunettes roses:  Kiribati ne sera plus qu'un vague souvenir à la fin de ce siècle.  Tic-tic-tic-tic...la minuterie est angoissante et il faut envisager des solutions.  La moins pire?  Relocaliser la population.  Nous assisterons sous peu à une nouvelle vague:  après les réfugiés politiques, les réfugiés "climatiques". 

Et dire qu’il y aura 7 milliards d’habitants sur la planète avant la fin de l’année… Ouvrez vos Google Earth et jetez un coup d'oeil sur ces pays qui sont comme autant de gouttes sur la face du monde.  La Nouvelle-Calédonie n'est après tout qu'un caillou sur lequel je vis, une mince bande de terre qui va se transformer en fine lame de rasoir au milieu des flots turquoises.  

Pour ces 22 pays, les Jeux du Pacifique deviennent une manifestion qui fait valoir ce fragile équilibre à respecter.  Des jeux qui sont l’expression d’une force peu commune alors qu'une fois tous les 4 ans, la jeunesse lance à sa façon un cri d'espoir à travers le sport.  Ceci n'est pas un forum sur les changements climatiques. De toutes façons, personne n'écoute.  Regardez bien ces jeunes athlètes de l'Océanie qui courent, plongent, pédalent et frappent:  la terre sous leurs pieds va bientôt disparaître.  

Les XIVe Jeux du Pacifique sont tout sauf banals.  Alors, si quelqu'un vous demande c'est quoi les Jeux du Pacifique, vous pourrez leur dire qu'il s'agit des Olympiques de la Résistance.  

15 août 2011


UNE RAGE DÉVORANTE SUR LE SENTIER DE CANALA

Un peloton de 150 coureurs/marcheurs se prépare à partir vers les hauteurs de Canala, un village sur la côte est.  Les gens de la région ont une réputation de dur à cuire.  Mais rien qu’à mesurer la largeur de leur sourire, je suis portée à penser qu’ils ont tous bu leur nescafé parce qu’ils ont l’air content de nous accueillir dans leur tribu. 

Un coup d’œil autour de moi et je constate que le mini-raid de 9 kilomètres fait le bonheur de bien du monde : les adolescents, les coureurs du dimanche, les contemplatifs, les rambo en herbe et les petites madames comme moi.  On a envie de se lancer à l’assaut de ce sentier.  La frénésie du départ nous fait même oublier de prendre le bon embranchement après  quelques centaines de mètres :  tel un troupeau de moutons, nous allons faire trois fois demi-tour avant de s’engager sur le bon chemin.  Vous connaissez l’adage « Les premiers seront les derniers »?  Il s’est révélé dans son irréductible logique…

Pour la première fois, j’ai cédé à mon envie dévorante d’écouter de la musique.  C’est mon carburant, les beats pistons.  J’ai ainsi pu jogger sur quelques kilomètres pour attaquer la montée de 450 mètres.  A la descente, ouf!  Une  pente infernale où il fallait s’accrocher aux arbres pour ne pas débouler sur la piste caillouteuse.  Ah le doux bonheur des plaisirs masochistes :)

Puis, mon Ipod a clignoté « low battery ».  Et moi aussi.  J’ai trébuché dans la boue une fois ou deux et j’ai terminé en marchant pour finalement me fouetter une dernière fois et franchir le dernier cent mètres au pas de gazelle sous les encouragements de Lulu, mon fils, arrivé une bonne demi-heure plus tôt.  Je lui ai envoyé la main, vidée et fière après ma petite promenade d’une heure quarante minutes.   Vive les raids! 

J’ai remis mon blason de coureur en jetant un œil sur le géant qui piétinait derrière  moi à la table d’arrivée.  Celui-là a allumé de l’envie :  il s’est tapé une promenade de 19 kilomètres avec un dénivelé qui combine le mont Ste-Anne et Stoneham…tout ça en moins de deux heures.  Ouf!  Ce gaillard me donne chaud.  Et tous les autres qui se pressent derrière lui, les participants héroïques du grand raid!  Parmi eux, ma G.I. Jane préférée :  Sylvie qui célébrait ses 61 ans avec cet exploit. Bravo!

9 août 2011


 Des tranches de vie que vous avez peut-être manquées...




         Sur quelle rue tu habites?
quelque part par là...

J’ai habité sur Ste-Ursule, sur la 5e dans St-Sacrement, Françoise-Gaudet, Evangéline, Jean-Nicolet, De Ramesay, Du Long Sault pour finir sur Quirion. 
Et ici à Koné, c’est le néant.  Je suis à « Green Acre ».  Prononcez Grinne Acre.  Où ça, les arpents verts?  Lot 14.  Et ne cherchez pas le numéro de porte, il n’y en a pas.  Si vous voulez me trouver, suivez les aboiements du chien fou qui hurle comme un loup au portail.  Bouboule elle-même en personne. 
Je suis donc la madame qui habite là où il y a un chien noir et blanc fou comme une poule sur l’acide.  C’est charmant comme adresse, n’est-ce pas?
Tueuse de plantes en série

Mon amie Martine-la-belle-Martine (c’est comme ça que je l’appelle, vrai comme je suis là) m’a fait cadeau d’une magnifique plante en pot, un bougainvillier rose fushia.  Plus garni que ça, c’est de la pizza all dressed.  Je me suis empressée de  poser la plante bien en évidence à l’entrée de la maison.  Avec le recul, je considère qu’il s’agissait là d’un signe de vanité pour afficher l’opulente floraison à l’entrée de ma grande villa.  Une métaphore de la vie :  regardez comme j’ai le pouce vert et comme mon bonheur explose dans ce pot… Je m’en mords aujourd’hui, et les doigts et le pouce (qui n’a rien de vert, croyez moi!)  Moins d’une semaine plus tard, une ondée généreuse et de forts vents ont déshabillé mon bougainvillier.  Les pétales roses ont fait une flaque fluorescente pendant quelques jours pour finalement se fondre au gravier.  Il ne restait plus qu’un maigre arbuste décharné.   Je lui avais pourtant parlé, je l’avais arrosé juste ce qu’il faut, je m’étais planté le doigt dans le terreau pour vérifier la température :   rien de tout cela n’a pu faire reculer l’échéance de la peine capitale.   C’est systématique,  toutes les plantes qui franchissent le portail de cette grande propriété finissent dans le couloir de la mort.  Je les assassine.  Rien n’est prémédité.  Je suis l’ennemie numéro un du monde végétal.

Je m’accroche encore aux quelques feuilles qui résistent.  Tant qu’il y a de la vie…il y a de l’espoir.
Et dire que Chéri voulait que je me lance dans le jardinage.  Non merci!

8 août 2011

Objet perdu




Doudou rescapé lors d'une promenade sur la piste cyclable mardi le 9 août 2011.  Ce serait chouette si je pouvais rendre ce hibou à son jeune propriétaire que je devine éploré.  Je garde le précieux doudou chez moi.  Je vais même le passer à la machine à laver pour le chouchouter comme il se doit.  N'hésitez pas à me contacter si ce doudou est à vous.  Soyez assurez que je lui trouverai une famille aimante si jamais personne ne répond à cet appel.  

4 août 2011










J’étais là avant le scrapbooking

Dans mon inventaire des trucs inutiles et inestimables se trouve un panier plein de calepins gribouillés.  Il était hors de question que je parte m’établir en Calédonie sans ma petite pile sous le bras.  Ça fait partie des trucs qui me tiennent tellement à cœur que je n’hésiterais pas à bondir dans une maison en flammes pour les récupérer.  Il va s’en dire que Bruce Willis n’est pas loin dans mon délire pour me faire braver les éléments afin de sauver mon trésor.

Il y a un calepin là-dedans qui ne me rajeunit pas : 1983.  C’était l’époque glorieuse du disco.  Madonna avait 25 ans et moi, quelques années de moins.  C’était un journal intime avec des pages et des pages de questionnements existentiels.  Qui suis-je?  Où vais-je?  Y a-t-il quelqu’un qui pourra un jour m’aimer?  Ce calepin là a toujours senti le moisi.  Chaque fois que je l’ouvre, son odeur un peu âcre me rend nostalgique.  Il reste donc toujours bien planqué sous la pile.

Les autres calepins sont plus jojos.  Ils célèbrent la vie.  Les tribulations en Europe, ma première job à la radio, mon mariage, mes déménagements, la naissance de mes enfants, l’adoption de Princesse des îles, les anecdotes croustillantes de soupers de sacoches, quelques coups de gueule et les bizarreries de la vie.  Sans oublier mes dessins (moi qui dessine pourtant comme une guenon à qui on filerait des prismacolors), mes photos, mes coupures de revues de décoration.  Tout ça, c’était avant l’avènement du Scrapbooking.  J’oserais même écrire le « fucking scrapbooking »,  cette mode qui consiste à faire des titres, à accrocher des rubans autour d’une photo de pantoufle de bébé et à saupoudrer de sable le compte-rendu des vacances à Old Orchard.  Une façon ordonnée, réfléchie, léchée de coucher des pensées pré-digérées.    Peut-être n’ai-je pas compris parce que je ne me suis jamais lancée dans les ateliers du bonheur carton-pâte qui se donnait pas très loin de chez moi… J’ai opté pour le calepin bordélique sur lequel je griffe plus que je n’écris. 

Cette semaine , j’ai ressorti le panier de calepins pour m’y replonger.  La vie est riche de petits détails lorsqu’on les consigne au fil des jours.  La recette de spaghetti bolognaise qui côtoie la photo de Lulu hurlant dans son premier costume d’Halloween (il se faisait peur, le pauvre!).  Les blues de la mère en congé de maternité et la liste d’épicerie.  Le spécial « Résolutions du jour de l’an » et les dessins des bébés.  Et dans la liste des choses désirées et espérées dressée en 2008, cette mention qui en dit long :  « aller vivre en Nouvelle-Calédonie »

Un vœu qui a fini par se réaliser.  Je crois bien que mes calepins sont magiques.  C’est sans doute pour ça qu’ils me tiennent tant à cœur.
L'inventaire des petits bonheurs


Courir face au soleil L'odeur de la coriandre fraîche Étrenner une nouvelle paire de claquettes Boire du champagne un mardi soir Faire la grasse matinée jusqu'à 8:30 Cuisiner des restes Accrocher un cadre Dormir dans des draps fraîchement lavés Faire un rêve cochon Marcher en prenant la main de Princesse des îles Prendre l'avion Aller au cinéma Cuisiner en dansant dans la cuisine  Écouter la pluie au milieu de la nuit Manger un repas concocté par mes enfants Lire en auto Décrocher le téléphone et surprendre un ami au Québec Marcher en regardant les étoiles Un bain chaud et une coupe de vin Courir et penser à ce que je vais écrire Le lagon à Poé Soirée cinéma-maison avec les enfants Rire aux larmes Cocher la case "Mariée" sur un formulaire Les retrouvailles Mettre le nez dans La Presse du samedi, version papier Écumer les friperies Une étreinte-surprise et un bisou piqué dans mon cou Aller à la bibliothèque Ma chanson qui tourne à la radio Faire un feu le soir en plein hiver à -20