31 janv. 2011

La rentrée
Février se pointe le nez et il n’a jamais fait aussi chaud.  Je me liquéfie dans ma cuisine, j’ai la peau aussi reluisante qu’une quille de bowling et je change de fringues au même rythme que je me brosse les dents : trois fois par jour, minimum.
Malgré toute cette sueur,  mes chers ados chéris me gratifient d’un occasionnel câlin moite.  

Et oui, ils sont encore en vacances…

Il y a eu l’été québécois et ses 7 semaines bien remplies parce qu’il faut convoyer les chéris d’un bout à l’autre de la ville du matin au soir.  Trois ados multiplié par une douzaines d’amis et vous avez le compte.  Assez pour m’associer à Taxi Coop.

Il y a eu la simili rentrée au Québec.  Un mois top chrono à l’école sans avoir à se soucier des devoirs ou des examens parce que de toutes façons, on recommençait tout ici en Nouvelle-Calédonie.  Pourquoi suer?

Il y a eu un 6 semaines d’école, version post-synchro avec l’accent français dans la brousse de la province Nord.  Vous avez déjà vu le chevreuil éberlué au milieu de l’autoroute dans la lueur de vos phares?  Mes chéris avaient exactement ce regard le soir en revenant des cours. 


Puis, il y a eu le début des vacances scolaires numéro 2. Ça concorde avec l’autre été, austral celui-là.   Ces vacances-là ont commencé le 18 novembre pour Lulu, l’aîné.  Vous avez bien lu : 18 novembre.  C’est comme si votre ado vous disait à la mi-mai : « Ben ça y est, l’école est finie! » Vous avez intérêt à planquer les ordis sinon il va faire du camping devant le clavier pendant des heures et des heures.

J’ai essayé de les inscrire à différentes activités mais mes plans ont foiré.  Et mes ados aussi.  Enfin, pas tant que ça…On a hanté la plage de Pindaï à une demi heure d’ici pour finalement y débusquer le poisson le plus étrange de toute la Calédonie : le poisson-vache.  Une grosse chose jaune et vert qui semble tout droit sorti d’un sac Joyeux Festin chez McDo tellement ça ressemble à une bébelle en plastique made in China.  Nous avons fini par apprendre qu’il pouvait nous jeter des toxines plus ou moins mortelles si jamais on s’avisait d’y toucher.  Je suis ici pour en parler.  Nous ne l’avons pas titillé.

On a fait du camping sous la pluie.  Fun.

Lulu s’est initié au kitesurf.  Son séjour de quatre jours à Nouméa été écourté en raison d’une vilaine coupure sur le corail. 

On s’est payé quelques balades ici et là : la côte est du côté de Poindimié et de Touho avec l’arrêt obligatoire sur la transversale pour aller à la rivière aux marmites.  Je vous ai dit qu’on peut y faire un magnifique plongeon de 3 mètres pour atterrir dans une eau sombre et tumultueuse?  C’est mon fils qui m’a raconté ça, heureux comme un crocodile dans les Everglades.  Je préfère ne pas imaginer le cri du guerrier qui saute du haut du rocher et les deux interminables secondes qui s’égrènent après le plouf avant qu'il ne revienne à la surface.  


On a aussi passé une magnifique journée dans une petite baie tout au nord, près de Poum.   C’est là qu’on a traqué les bénitiers, ces magnifiques coquillages ondulés aux pourtours fluo rouge, vert ou mauve.

On a traîné dans les rues de Nouméa pendant une petite semaine, histoire de magasiner tout en se payant de jolies baignades à deux pas de la ville.  Cinéma, visite à l’aquarium et au parc forestier, plongée à l’île aux Canards, les classiques, quoi…

Les filles ont repris l’équitation :  une semaine intense à dompter les chevaux qui portent tous des noms impossibles :  Imprévu, Bounty, Nuage et autres Jolly Jumper qui leur donnent parfois du fil à retordre.

Mais là, ça y est presque : le décompte officiel de février commence.  Dans 17 jours, c’est la rentrée.  C’est le dernier droit pour se payer encore quelques virées au pays du bleu turquoise.  Je crois bien qu’ils vont me manquer.  J’aime leurs bisous même s’il fait 40 avec le facteur humidex.

25 janv. 2011

Wake-up!

Il est 8 heures du matin, je reconduis les filles à l’équitation.  Pas toute là, endormie, la tête pleine de vieux rêves.  Je descends de l’auto pour dire au revoir à mes cavalières et il y a la horde de chiens qui s’ébroue tout autour de nous.  Je suis plantée là, comme un piquet… Mal m’en a pris :  le gros chien noir, celui avec la bouille de malotru, lève la patte pour me bénir d’une généreuse ondée d’urine bien chaude.  Ah, elle est bonne celle-là…
Ce chien m’a rendue furieuse.  Honteuse aussi d’avoir été aussi perdue dans mes pensées au point où j’ai pu être confondue avec une borne fontaine.  Est-ce un signe que la vie m’envoie?  Tu te bouges les fesses où on te pisse dessus?  Vrai que je tourne un peu en rond ces jours-ci.  Où est passée l’aventurière? 
Faudrait la réveiller.
Sous l'eau

Il suffit d’enfiler une paire de palmes, ajuster son masque et se brancher sur un tuba pour se payer le voyage de Guy Laliberté dans l’espace….l’espace marin.  J’écoute ma respiration, je glisse au fil de l’eau, je scrute les patates de corail pour y surprendre les clones de Némo qui défendent farouchement leur anémone.  Ils sont rigolos.  

Une autre planète sous l'eau


14 janv. 2011

Vania est partie. Who’s next?
Ma chienne Bouboule a mangé la télécommande du téléviseur.  J’ai passé mon téléphone mobile à la lessive (le deuxième en 6 semaines).  Une journée à oublier…  Mais Vania nous a cependant épargnés.  La dépression tropicale est passée sous notre nez.  Aujourd’hui, le soleil est revenue.  On va se ruer vers la plage.  Pas de dégâts majeurs sur le caillou.  Des pannes d’électricité localisées mais vraiment, on s’attendait à pire.  Soupir de soulagement.

12 janv. 2011

En attendant Vania...

La dépression…tropicale
C’est une dépression tropicale forte et elle a un nom : Vania.  J’ai déjà eu une co-locataire qui s’appelait Vania et elle était d’un tempérament très doux.  Je ne sais pas si on va pouvoir en dire autant avec cette tempête qui nous pend au bout du nez…
Nous avons fait des provisions : de l’eau en bouteille, des bougies, une lampe de poche, des piles, du steak haché.  Princesse des îles voulait des bonbons mais je lui ai dit que ça n’apparaissait pas à la liste des denrées de première nécessité.
J’irai chercher des vidéos tout à l’heure. On sera peut-être coincés à l’intérieur.  J’espère seulement qu’on aura encore de l’électricité…
Les gens rencontrés sur la rue à Koné m’ont tous dit qu’ils étaient inquiets.  Moi qui croyait qu’ils allaient me rassurer! 
Rien à voir avec une tempête de neige…Au Québec, ils envoient même les journalistes dehors pour couvrir le bal en blanc alors qu’ici, on a ordre de rester cloîtrés si ça passe au rouge.
On est au jaune, soit la pré-alerte.  Après il y a orange et ensuite c’est l’angoisse : rouge.
On va passer à travers mais c’est sûr qu’on va avoir les yeux ronds.

9 janv. 2011

Desperate Housewifes sous les tropiques
La secrétaire du Collège de Koné a sursauté en prenant connaissance du formulaire d’inscription de Clopinette, ma fille de 13 ans.  Sous la rubrique, « mère », dans la case « occupation », j’avais inscrit MÉNAGÈRE.
Et oui, ménagère comme dans « celle qui fait le ménage et le lavage ».
« Vous devriez plutôt indiquer  'maman à la maison' parce que là, ça fait un peu aide ménagère… » me souligne-t-elle pour sauver mon honneur.
Bon d’accord, biffons le vilain mot pour y mettre « Martha Stewart » si ça peut vous faire plaisir.  Mais faut pas se la jouer trop glam quand il est question de la maisonnée : soyons honnête, JE SUIS UNE MÉNAGÈRE QUI TAPE AVEC LA CUILLÈRE DE BOIS SUR LES CASSEROLES POUR NE PAS DEVENIR DINGUE….Dommage, y’a pas assez d’espace sur le formulaire pour écrire tout ça.  «Ménagère », ça dit tout, comme dans « ménagez mon sale caractère parce que vous allez bouffer du macaroni pendant deux semaines si vous m’énervez! »
Mais ça, je ne lui ai pas dit.  Je ne suis quand même pas folle.
Je sais ce que vous pensez : je suis une Desperate Housewife.  Mes enfants n’ont jamais vu la série et ils ont tout de même fait la comparaison l’autre jour lors d’un cocktail en plein après-midi avec d’autres …'mamans à la maison'.  Des ménagères, si vous voyez ce que je veux dire...
Desperate? Pas tant que ça… Encore faut-il passer le test de la parfaite « D.H. »

TEST :  ÊTES-VOUS UNE DESPERATE HOUSEWIFE (D.H.)? 

Votre IPHONE sonne à 15 heures parce que c’est l’heure de l’apéro

Vous achetez les claquettes en paquet de trois dans les bazars de Koné en espérant un jour avoir une collection digne d’Imelda Marcos

Lors d’une virée dans une disco de Nouméa, vous en mettez un peu trop avec les copines : vous terminez la soirée en exhibant votre jolie Lejaby pour épater la galerie (de grâce, gardez votre string ficelle dans votre jeans ultra slim)

Vous avez déjà fait au moins une crise d’hystérie devant le rayon des fruits et légumes chez Koné Centre.

Vous vous payez une virée shopping à Brisbane parce que vous avez besoin de vous aérer après la pause de deux semaines avec les ados.

Vous faites une crise à la caissière-baboune au Discount de Bourail parce qu’il n’y a pas de poches (des « sacs » en québécois) pour vos emplettes.  (et tant pis si elle fait la baboune parce que son frigo a lâché dans sa case et que son jules lui a envoyé une baffe ce matin)

Vous vous tapez trois heures sur la RT1 vers Nouméa pour vous acheter un flacon de vernis à ongle.  Merde, il n’y a rien ici, faut bien roulez pour se faire les ongles!

Vous flirtez avec tout ce qui bouge, y compris le commis derrière le comptoir à l’OPT de Koné

Vous vous faites bronzer sur la plage de Poé plutôt que d’aller faire de la plongée avec les enfants

Vous claquez 200 000 CFP avec la carte de votre jules à la boutique Soleil d’Asie de Bourail comme s’il s’agissait d’un paquet de gomme et d’une cannette de Fanta chez Mobil

Si vous avez répondu « OUI » à plus de 6 questions, c’est que vous êtes une vraie Desperate Housewife.  Et vous êtes mûre pour vivre ici.  Bravo!  Vous ferez une Desperate Broussarde de rêve!  Et je vous inviterai au cocktail de 15 heures sur ma terrasse.



1.   

5 janv. 2011

A mon amie Louise: les vaches de Pouembout sous les cocotiers


Virée au relais de Poingam


Un flamboyant qui en met plein la vue
entre deux ondées

C’est un décor écolo-rustico-traditionnel : il y a un vénérable flamboyant qui étend ses branches comme pour nous faire la bise en entrant. Et tous ces bénitiers, vous savez ces coquillages de bandes dessinées, bordent les petits sentiers du domaine.  On nous a soufflé qu’il y a une baie pas très loin du relais tapissée de ces énormes coupelles qui servaient à abreuver Neptune.  On remarque aussi une jolie piscine à l’eau de mer  judicieusement posée au milieu d’un écrin vert-jungle; le grand bain salé a l’air de se déverser dans la mer.  Tout en bas, une ancienne bouée accrochée à une branche, la balançoire ludique par excellence qui nous fait lâcher deux ou trois "ohé-ohé-ohé-oh! »  à la manière de Tarzan.
On a planté notre tente à un jet de pierre de l’eau turquoise.  Oubliez la Dacia 7 places, le fond de teint MAC et les ipods fluos et on est comme Tom Hanks dans Seul au Monde.  Une balade vers le platier rocheux qui avance vers un îlot nous convainc qu’on est vraiment au milieu de nulle part sur ce petit bout du caillou : on est ici à l’extrémité la plus au nord de la Nouvelle-Calédonie.  Un coup d’œil à gauche et c’est la côte est.  Un autre à droite et c’est Boat Pass.  Étrange impression d’être une fourmi au milieu des flots.  Je  prends la pose « Sirène » comme dans Alerte à Malibu pour immortaliser ce moment.  Non, vous ne verrez pas cette photo là…
Nous sommes donc seuls au monde jusqu’à ce qu’une ondée nous oblige à nous retrancher dans l’abri cuisine. Il est près de 20 heures, la noirceur est tombée.  On envahit le petit espace en apportant la poêlée pâtes au saumon fumé.  Après le repas, un jeune couple se joint à notre bande pour  jouer à un jeu de société.   Et la société doit savoir qu’une famille de cinq qui décrypte les règles d’un nouveau jeu, c’est loin d’être reposant!
Après la prise de tête autour d’un paquet de cartes, petite promenade à marée basse sous un rayon de lune. La plage s’étire à perte de vue et on entend les crabes crapahuter tout autour de nous.  Magique.
Le lendemain, on s’offre un bon petit gueuleton : coquillets au basilic frais en entrée pour Chéri, pavé de rouget agrémenté de pourpier du lagon (un genre de gazon très gouteux), crème caramel parfumé au gingembre…un vrai délice.  Et pour accompagne le repas, les chiens du relais, deux grosses bêtes indolentes qui viennent se répandre près de notre table pour piquer un petit somme. 
Avant de quitter ce coin de paradis, on dévalise la boutique : sels de Nouvelle-Calédonie, gousses de vanille, huiles essentielles…Un vrai paradis pour les baba-cools.
Sur le chemin du retour, les chevaux sauvages galopent furieusement.  Oui, c’est promis, on reviendra…
J’AIME : La déco végétale, l’ameublement rustique et la mer qui se retrouve dans nos assiettes.
J’AIME MOINS : le café tiède, la douche sans rideaux, les chaises de plastique abandonnées qui jurent avec un si beau décor.