30 nov. 2011

                    Bon à s’en LETCHER les doigts




Vous avez déjà été tenté dans un Maxi ou un IGA près de chez vous par le letchi (ou litchi-leetchi), ce petit fruit qui a une teinte rouge brunassée?  Vous savez, celui qui ressemble à un minuscule testicule en hérisson qui n’a rien d’appétissant tout en étant hors de prix?

La chose repose toujours dans un minuscule cageot,  posée sur du faux foin, entre les papayes et les caramboles.  Précieux bijoux mais tout de même un peu fané.

Il m’a fallu une année complète avant de pouvoir enfin planter mes dents dans mon premier letchi.  Les cerises chinoises ont été plutôt rares en 2010 :  11 mille kilos pour toute la Calédonie comparativement aux bonnes années où on peut facilement multiplier cette production par 10.

Depuis la fin novembre, les sacs d’un kilo sont écoulés à la vitesse de l’éclair. Les mamans kanaks s’installent près de la route et il n’est pas rare de voir de mini-embouteillages.  Les acheteurs ne passent jamais à côté d’un étal improvisé sans aller pêcher une poignée de 100 francs pour se procurer leur dose.  Un kilo vous reviendra à environ 1000 francs pacifiques, soit un peu plus de 10 dollars.

Comment décrire le goût du letchi?  C’est  l’été en concentré.  On déshabille le letchi, ferme les yeux en humant son arôme sucré et on le gobe tout entier.  Plop!  Vous vous remplissez la bouche d’un goût parfumé à la fraise et aux roses.  C’est simplement divin.

Pour rendre la dégustation encore plus décadante, voici un truc de mon amie So-So :
Prenez quelques dizaines de letchis dénoyautées et mettez les au congélo.  Servez les en guise de glaçons avec votre champagne préféré.  Du bonbon.


Je termine en vous confiant que le letchi a des vertus thérapeutiques.  Vincent, 6 ans, avait un petit chagrin et un gros mal de ventre.  Sa mère me l'avait confié le matin pour que je l'emmène à l'école.  Il fallait bien le guérir, pauvre petit coquin!  Je lui a prescrit 10 letchis.  Vrai comme je suis là, tous ses maux se sont envolés.  Et les petits fruits aussi !



29 nov. 2011

Petite sieste au snack du camping de Poé

La crapule est repue
Une barquette de frites oubliée sous une table 
Quelques rognures de hamburger encore tiède
Un reste de café laiteux
Les clochards sont au paradis en Nouvelle-Calédonie
Celui-ci détonne, le cul lisse comme une fesse
Plus un poil
Rien qu'un rond de cuir offert aux chauds rayons
Les caresses s'arrêtent pile en apercevant ce séant si peu appétissant
Mais le chat s'en fout comme de ses derniers haillons
Il trône tout en haut de ses 12 chaises, le rouquin pelé,
Le roi du snack croqué pendant "son power nap"
On se reverra, petit malin
Fais de beaux rêves
Les miens, je les goûte le cul sur la plage d'à côté
les pieds dans le bleu paradis du lagon.

23 nov. 2011

C'était il y a 10 ans 

Mon fils a eu une sœur en cadeau pour ses 7 ans.  C’était il y a 10 ans, le 24 novembre 2001. 

Princesse des îles est arrivée d’Haïti.  Elle était accrochée à la hanche de Ginette Gauvreau, l’ange gardien de Soleil des Nations qui la ramenait de Port-au-Prince.  Notre nouveau bébé avait un ruban lilas dans ses cheveux clairsemés.  L’œil grave, elle nous a détaillé pendant qu’on s’extasiait devant ses orteils (oui, nous lui avions retirés ses minuscules chaussettes pour voir ses doigts de pied).  Pas un son ne sortait de sa petite bouche couleur aubergine.  Jamais vu une naissance aussi paisible.

Je l’ai glissé dans son habit de neige.  A mon grand désarroi, elle flottait dedans.  Petite puce! 
Elle a esquissé son premier sourire lorsque les portes coulissantes de l’aéroport se sont ouvertes.  Pour la première fois de sa vie, ses poumons s’emplissaient d’air frais.  Elle avait deux ans et trois mois. 

Je lui ai écrit une lettre quelques semaines après son arrivée.  Je la partage avec vous pour souligner ces dix belles années avec la plus incroyables Princesse des îles.  La plus belle aussi!



MÉIKA-DÉSIR

J’étais enceinte de mon troisième enfant et déjà, je planifiais le quatrième. Je voulais adopter. Adopter un enfant en Haïti. C’est un vieux rêve qui me tenaillait. Tout me parlait d’adoption : un article dans le journal, une rencontre fortuite avec une voisine qui avait elle même adopté deux petites haïtiennes, un bébé dans une poussette croisé sur la rue. La vie nous joue parfois des tours puisque Dieu a exaucé mes prières à sa façon : en juillet 2000, j’ai fait une fausse couche. Lors de l’échographie, le radiologiste nous a montré sur l’écran que l’embryon était bel et bien là mais il manquait un élément essentiel: le cœur. C’est à ce moment que j’ai su que ce coeur battait sans doute dans le ventre d’un autre enfant. Nous avons pleuré et puis, nous avons tourné la page. Nous n’avions qu’une idée en tête:  ce troisième enfant, déjà né. Il ou elle était là, quelque part dans le monde et nous irions le chercher.



MÉIKA-DOULEUR.

Accoucher se fait dans la douleur. Je le sais puisque j’ai eu deux césariennes. Mais monter un dossier d’adoption, ce n’est pas une partie de plaisir non plus. Je suis allergique à la paperasse. Pendant des semaines et des semaines, j’ai emprunté les dédales administratifs avec autant d’aisance qu’un aveugle au centre-ville de Hong-Kong. Seule l’évaluation psycho-sociale nous a vraiment plu : c’est un peu comme un cours prénatal où enfin mon mari et moi avons pu discuter de ce projet qui nous tenait tant à cœur. Notre psychologue nous a fait réaliser toute la gravité entourant notre choix. Elle nous a fait réfléchir sur l’avenir de notre famille à 5. Notre enfant n’était plus qu’un simple désir, c’était devenu une décision réfléchie.



MÉIKA-PATIENCE.

Des semaines d’attentes. Les toutes premières… Deux mois après l’envoi de notre dossier, le téléphone sonne enfin. Nous sommes en mars 2001. Ginette nous met enfin en lien avec ce bébé que je porte entre mes deux oreilles, puisque c’est là où se fait la gestation. J’avais choisi un nom, Marie-Maxime, mais son identité s’est imposée tout naturellement : Méika. C’est joli comme une plage ombragée. Méika. Notre petite princesse est à l’orphelinat de Sœur Marie Véronique à Port-au-Prince. Elle a 19 mois, elle marche. C’est tout ce que je sais d’elle. Je me réveille la nuit en pensant à mon enfant. Il m’arrive aussi – oh, plaisir sublime ! - de rêver que j’étreins son petit corps entre mes bras. Lorsque j’ouvre les yeux le matin, je ne bouge pas pendant de longues minutes pour garder intacte cette sensation de chaleur que j’avais quelques instants plus tôt. Nous attendrons notre bébé pendant 8 mois. 8 longs mois pendant lesquels la vie continue sans pour autant être pleine et complète. 

MÉIKA-JOIE.

Elle est ici depuis novembre 2001, autant dire depuis toujours. Je ne reconnais plus le bébé qui est arrivé le 24 novembre dernier, accrochée à la hanche de Ginette. Elle ressemblait à un petit chaton : elle était douce et chaude, mais tellement perdue. Son regard était grave, ses gestes, petits et calculés. Nous étions là, mon mari, Ludovic, Clothilde et moi, comme des pieuvres, à vouloir cueillir son regard ou même à espérer gagner à la loterie du premier sourire. Mais voilà, son premier sourire, Méika l’a esquissé lorsqu’elle a senti le vent frais sur son visage, en quittant l’aéroport. Je l’imagine encore, dans son habit de neige trop grand. Cette nuit là en arrivant chez nous, nous avons couché pour la première fois nos trois enfants, chacun dans leur lit. 



MÉIKA CHAMPAGNE

Celle qui s’étale comme une fleur sur la neige à déguster les flocons avec le bout de sa langue, c’est elle. Celle qui a le don d’attirer tous les regards dans un dépanneur en lançant des ‘’salut’’ à la ronde, même au monsieur barbu, c’est encore elle. Celle qui devient hystérique en sautant de joie sur le divan aussitôt que son père se pointe après sa journée de travail, c’est toujours elle. Méika aime les gens, elle déteste cependant leurs caresses envahissantes. Elle rit aux éclats mais elle exprime aussi la colère et la tristesse. Elle est joueuse mais elle se ne se laisse pas marcher sur les pieds. C’est un être complet, complexe, vivant et pleine d’assurance. Mon plus beau cadeau, c’est lorsque je l’entends énumérer pour elle-même toutes les étoiles de son univers, tous les noms des gens qu’elle connaît : papa, maman, Ludo, Clothilde, Paluche (le chat), Rococo (l’oiseau), grand-papa, mamou (le surnom qu’elle donne à ma mère), Rachel (sa cousine)…il y en a au moins une douzaine. Elle compose son univers et le décline comme pour se rassurer. 





Avec ce lexique enfantin qu’elle garnit jour après jour, il demeure cependant toujours un mot qui me renverse plus que tout autre : chaque fois qu’elle enroule ses petits bras autour de mon cou et me dit, en plantant son regard dans le mien : " Be-tem… ". Ce qui veut dire, avec l’accent d’une coquine de 2 ans et demi, " je t’aime ".



19 nov. 2011

14 nov. 2011

Réseau Contact

Boum-boum-boum!

Ça cogne à la porte.  C’est notre nouveau voisin, Daniel, qui a besoin d’une perceuse.  

« Ah, c’est toi mon nouveau voisin? », lui dis-je en lui collant la bise gauche-droite.  C’est comme ça ici, on donne la bise aussi facilement qu’on offre une bière au Québec.  C’est un automatisme.

Je sors la perceuse et il repart avec son kit Black & Decker sous le bras, heureux comme un gamin dans une allée de Toys’R’Us. 

Moins de 24 heures plus tard, je trinque au rouge en faisant connaissance avec sa blonde Annie.  C’est à mon tour d’être heureuse.  Nos enfants respectifs ont, comme à leurs habitudes, déjà élaborer un « hi-five » complexe qui ressemble à une chorégraphie des Back Street Boys.  Ça connecte vite ici.  Si vous faites un BBQ dans votre cours, achetez de la saucisse pour un minimum de 45. 

C’est ce que j’appelle « RéseauContact ».   Il n’y a pas 36 façons de se faire des amis, c’est toujours la méthode « boum-boum-boum-tu-cognes ».  A moins d’être un témoin de Jéhovah, tu es certain de te faire donner la grande tape dans le dos suivie de la bise gauche-droite et du grand sourire banane fendu jusqu’aux oreilles en arrivant chez les voisins.   Ce truc, ce n’est pas le mien.  Tout le monde fait ça dans le lotissement Green Acres  où j’habite (dire Grinne Acre à la française).

Le cercle des connaissances s’élargit aussi avec les calédoniens.  Tu causes 15 minutes et te voilà dans le cercle des initiés de la bise gauche-droite.  C’est comme ça avec Marie au Discount qui vient me dire bonjour en me collant la becquée dans l’allée des petits pois.  Et pour Claude, le menuisier au vélo cassé que j’ai fait monter dans mon véhicule jusqu’à son chantier.  Le jour où cet homme m’a envoyé la main, j’avais l’impression d’être Madonna en brousse.  Il y avait tant de chaleur humaine dans ce bonjour que je me suis sentie vraiment spéciale.

Mon amie Geneviève est une indéfectible du marché Roes.  Monsieur Roes et sa femme ont souligné leur attachement en lui donnant une belle patte de cerf pour lui dire combien il l’apprécie.  Une patte de cerf complète avec poils inclus.  Miam…

Et quand les mamans sont amies, les enfants se collent à nous.  Notre maison devient leur sous-sol, leur cour de garage, leur refuge juste le temps de recharger les batteries.  En ce moment, j’ai le duo Victor et Vincent, 8 et 6 ans.  Deux paires d’yeux qui vous découpent en fines tranches tellement ils ont le sens de l’observation aiguisé.

« Mmmmm…ça goûte le vin ou la bière », remarque le plus jeune en buvant un panaché.
Ciel, qu’est-ce que sa mère va penser? 

Bah… Je lui dirais qu’on a fait la bise gauche-droite et que j’ai offert une .5 à son fils.  On connecte en version Calédonie et Québec.


7 nov. 2011

Poissons et autres effrayantes créatures
Tazar à l'hameçon


J'ai une amie qui a un objectif vissé dans le front.  Drôle d'appendice.  C'est réglé sur "kalashnikov".  Taratatatata!  Purée qu'elle sait bien viser!  Ça donne des poèmes en images.


Voici les meilleurs clichés de Madame A. 

La bête encore frémissante

perroquet au harpon
requin pointe noire





comme une offrande
requin.  ahhhhh!

6 nov. 2011


Une sœur à l’autre bout de la terre

Ma sœur est née un 6 novembre alors que j’avais 5 ans.  Le bon Dieu avait enfin exaucé mes prières.  Un beau poupon avec des yeux qui lui dévoraient le visage.  Une petite bédaine sur laquelle je ne me lassais pas de souffler des becs en pettes.  Des rires en cascades quand je faisais le clown avec un chapeau plié dans une feuille de l’hebdo Le Courrier sud.   Un vrai bébé avec des couches à changer, pas la poupée Mattel qui fait pipi en lui pompant un biberon à l’eau bleue.   J’étais la petite fille la plus heureuse au monde.

La poupée a grandi et j’avais des aventures toutes aussi saugrenues les unes que les autres à lui faire vivre.  Malheureusement, j’étais souvent la seule à rire.

Je l’ai promenée comme une caisse de 12 sur le guidon de mon vélo.  Elle a évidemment passé la gratte avec son nez quand je l’ai laissée tomber.

Je l’ai fait culbuter comme un bâton de majorette au dessus de ma tête.  J’ai bien failli lui casser le cou.

Je l’ai embrassée avec des grandes coulées de bave dans le cou jusqu’à ce qu’elle en pleure.  Je l’aimais trop.   

Heureusement pour sa propre sécurité, ma sœur a grandi.  Et elle m’a fait grandir.  Avec elle, pas de chi-chi.  Elle vous trace le plan de match quand vous lui confiez que vous errez.  Elle rit comme une mitraillette.  Elle cuisine avec une autre paire de bras qui lui pousse on ne sait où.  Elle a le système « D » imprimé dans son ADN :  jamais à bout de ressources.  C’est une mère extraordinaire.  Une force de la nature. 

Nous allons nous retrouver dans quelques semaines pour célébrer ses deux anniversaires manqués.   Le naturel va revenir vite :  elle va me reprendre quand je vais placer les fourchettes à l’envers dans le lave-vaisselle.  En revanche, je vais peut-être lui faire un bec en lichette.  Juste un pour lui dire combien je l’aime.

Bonne fête, Claudie.






Pincez moi quelqu'un.  Dites-moi  qu'il y a 12 heures d'attente à l'urgence.  Racontez-moi l'histoire d'un affreux scandale financier.  Epuisez-moi avec les 12 défaites en ligne du Canadien. Vous pouvez même vomir dans mon char pendant que je vous emmène jusqu'à ce fabuleux royaume bleuté (parce que y'a des risques de débordement si vous avez l'estomac sensible)...Mais c'est ici que les soucis deviennent comme une poche de thé:  infusés.  Je fonds devant ce cadre irréel devant lequel je me tiens pourtant avec mon appareil photo.  Et je m'entends dire à mes enfants, à court de mots, "wow, regardez comme c'est beau!"  Et je me repais de leur silence parce que je comprends qu'ils ont saisi la grandeur de ce tableau qui n'a rien d'une nature morte parce qu'on sent la mer à plein nez.   Cette vision est divine.

2 nov. 2011

Au pays des îlots

Tanlé, Tiam bouèm...

Neba, Yava, Yiengebane

Ce n’est pas une soupe aux alphabets, c’est le nom que portent les îlots du nord de la Nouvelle-Calédonie. 

Ils sont étranges et surprenants.  Beaux comme des joyaux.  Perdus comme un pou sur la tête d’un chauve.  Émouvants comme le premier sourire d’un bébé.  Et lorsque le paysage s’anime d’une tortue surprise à brouter ou d’un petit banc de bébés requins, alors là c’est comme une ondée au milieu du désert, une vision rafraîchissante qui nous donne envie de sauter en tapant des mains.

Ces îlots me rappelle tout ce qui me reste encore à voir.  Le monde est si grand et la vie si courte.


1 nov. 2011

                                C’est l’halloween, j’veux des bonbons!

Des costumes bidouillés avec trois chiffons et deux coups de peinture, un voisinage armés de friandises et une bande d’enfants dont l’âge varie entre 2 et 17 ans.  C’est ça Halloween en Nouvelle-Calédonie.  Lulu, Clopinette et Princesse des îles tenaient mordicus à la chasse aux bonbons.

Nous, on préférait faire  la chasse aux îlots sur un voilier.  On les a donc laissés à la maison pour une escapade de 36 heures.

« Bonne idée, ça va vous faire des petites vacances en amoureux! », clament-ils en chœur. 

Sous-entendu, « Poussez-vous pour vos deux jours zen-contemplation et nous on va faire la fiesta! »

Me suis-je sentie coupable de faire un tel voyage sans mes chéris?  Euh, comment dire…J’étais convaincue qu’ils n’allaient pas s’emmerder.  C’est mon troisième œil qui me laissait entrevoir l’arnaque sous cet élan délibéré de liberté accordée par mes trois petits monstres d’Halloween.

Résultat :  tous les adolescents déguisés du quartier sont venus faire la boum dans notre villa.

Aucune trace de la soirée festive à notre retour au bercail si ce n’est la vadrouille encore humide posée dans un coin du salon.

Embrassades et aveux spontanés sitôt les pieds posés dans la maison.  Notre progéniture nous mitonnait un petit gueuleton.

« On a fait la fête hier.  On était environs une quinzaine », nous révèlent-ils avec un air angélique.

Sous-entendu, « 25 potes sont venus zooker et c’était délirant »

Démangeaison passagère à mon troisième œil puis, focus sur la maison impeccable et leur air angélique: ils ont été responsables.

(Attention, cette énoncé ne peut être troqué contre un chèque en blanc pour la prochaine occasion qui se pointe)

L’avantage avec les vacances, c’est que tout le monde revient heureux.  Et zen.