28 nov. 2010

Le sens de la vie
Il fait divinement beau.  Les oiseaux chantent, le soleil brille et une douce brise caresse ma peau.  Tous les ingrédients sont réunis pour que je puisse entrer dans l’état « bulle de bonheur », un concept inventé par mon amie Renée-Claude.   Les conditions météorologiques dignes du paradis terrestre sont-elles suffisantes pour me plonger en pleine béatitude? 
Non.  Il faut plus.  Pas mal plus que le pépiements des z’oiseaux.
Dans le numéro de septembre de Psychologies magazine, le neuropsychiatre David Servan-Schreiber trace le parcours du combattant.  Selon lui, il y a quatre domaines à cultiver comme s’il s’agissait d’un jardin zen.  À vos bac à sable et râteau, prêt? On y va!
La corporalité.  Ça veut dire se connecter sur son corps :  courir, manger sainement, regarder autour de soi.  Assez facile.
L’intimité.  Un autre truc qui semble fastoche mais attention, y’a toujours des pièges….Au programme, vivre l’Amour avec un grand A.  Vous savez, cet amour qui ne connaît ni la rancœur ni le quotidien aliénant?  Même chose avec les enfants :  pas de hauts cris!  Soyez le dalaï lama des parents.  Dur? 
La communauté.  Rayonner dans son petit univers social, ça vous dit quelque chose?  Il semble que le bénévolat fait des miracles dans ce rayon.  Minimalement, il faut parler aux gens que nous fréquentons jour après jour.  Le boucher, la caissière-baboune, les voisines. 
Last but not least…La spiritualité.  Jésus, Allah, Bouddha ou Yahvé, take your pick.  Le but, c’est de choisir un être inatteignable pour se rappeler « combien nous sommes insignifiants dans l’univers ou dans l’immensité du temps ».  Alors là, c’est le déclic :  nous, itsy-bitsy-tout-ti, nous voilà ravalant notre suprême égo pour puiser au plus profond de nous même en se disant : « Même les fourmis ont une mission, alors pourquoi pas moi? ». 
Vous maîtrisez ces quatre domaines et votre bulle de bonheur est blindée.
Personnellement, je ne pige pas tout mais ça ne fait rien.  Au moins je me dis qu’il n’y a que quatre marches à gravir même s’il faut un pic pour les atteindre les unes après les autres.

21 nov. 2010

Les mots d'enfant
Mon aîné Lulu est le pacifique et arbore un calme olympien.  Princesse des îles est une flamboyante enfant qui fonce dans la vie comme un bolide de course.  Clopinette, elle, est ma grande philosophe.  Elle réfléchit, elle écrit, elle vit avec des couleurs et des mots. Elle argumente aussi! Clopinette a le don de trouver des bribes de textes poignants pour décrire son réel combat pour arriver à se faire une nouvelle vie.
Pardonne-moi ma chérie, mais comme dirait Guy A. Lepage dans Tout le monde en parle: "je te cite":
(extrait du film Titanic)
"si tu sautes , je saute mais .. seras-tu là pour me rattraper?
Ferme les yeux. Dis toi que tu es avec moi. Mais je manque à l'appel. 
On s'est dit un jour qu'on se reverrait .. qu'on serait à nouveau réunis.
Mais non, mon coeur se fait de plus en plus lourd.  Je cours, je crie
mais je sais que cette épreuve est une bonne chose. Les journées, certes, s'allongent mais c'est pour de bonnes choses. On est avec les gens qui nous aiment.
Vraiment, je t'attendrai.  Je vous attendrai.  Je combats le temps que j'ai en votre absence,
C'est triste. Mais c'est un nouveau départ. Je n'ai pas à appeler au secours car
je sais que vous n'êtes pas loin de moi  pour m'épauler & pour me comprendre.♥
J'espère que tu me rattraperas  mais c'est a toi de décider si tu veux que je me brise.."


Te lire me touche.  Je suis fière d'être ta mère.
XXX ;-)

20 nov. 2010

Compétition complètement coco!

Donnez-moi 5 noix de coco...
Donnez-moi cinq noix de coco et un piquet bien affilé. Lancez un défi à la ronde et alignez cinq compétitrices bien déterminées à ne pas flancher sous un soleil de plomb.  A go, on empoigne la première noix et hop! on la plante sans ménagement sur le piquet.  C'est comme ça qu'on extirpe la noix de coco.  Il répéter l'exploit cinq fois.  1-2-3-4...et 5!  Les noix de coco roulent aux pieds des dames en sueur.
La gagnante lève le bras en l'air, conforté par sa victoire facile.  Elle ne va pas trop fanfaronner: c'était elle la plus jeune!
Et à quelques mètres de là, la relève: un bébé dodu dort à l'ombre à poings fermés.  

18 nov. 2010

Bouboule, le rescapé
« Alors voilà, du coup, nous avons dû le mettre sous perfusion car il avait une sérieuse diarrhée », me précise le vétérinaire, un ténébreux à la barbichette bien fournie qui avait un je-ne-sais-quoi de d’Artagnan, version Orlando Bloom.  Je l’écoutais en jouant nerveusement avec mon chéquier.  Perfusion?  Le malade, un chiot d’à peine plus d’un kilo récupéré dans un buisson, allait-il faire un trou abyssal dans mon compte en banque?
« Vous voulez le voir? ». Bien sûr.  Je ne me fais pas prier pour suivre le sosie d’O.B. jusqu’au grabataire.
Dans le fond de sa petite cage, le voilà, l’hospitalisé.  Il tremblote et ses oreilles pendouillent tristement.  Il n’a que la peau et les os.  « J’ai eu du mal à trouver la veine pour lui faire ses injections », poursuit-il.  Un autre mot qui fait tinter le tiroir caisse… Injections.
« Euh, pardon d’avoir des considérations bassement matérielles, mais une nuit à l’hosto, les injections et les perfusions, combien ça va coûter tout ça? ».  J’avais la trouille car je me voyais déjà avec un doigt bien coincé dans l’engrenage.  Le genre de situation où il n’y a pas de marche arrière.  Juste un bouton sur lequel il est écrit :  auto-destruction.  Aie!
« Attendez, je vais faire un petit calcul… ».  Et le voilà qui pianote avec légèreté sur la calculette.  Ah, l’animal!  (en parlant du vétérinaire…), il me fait le coup pour maintenir sournoisement le suspense. 
«Bah, si je le garde encore une autre nuit sous surveillance pour voir comment il reprend des forces, je vous dirais, hum... pas plus que 15 000 francs », dit-il, l’air satisfait de son évaluation.  Je retranche deux zéro pour convertir et je souffle un peu.  150 dollars, c’est cher, mais on est loin de la grande arnaque des cliniques du Québec.
« Bon, d’accord, perfusez! »
La petite cure, bien qu’onéreuse,  a fait des miracles.  Le malade est de retour à la maison,  en convalescence.  Il faut lui donner des suppléments alimentaires en plus de ses médicaments pour guérir la gastro-entérite.  Il a failli mourir deux fois, le pauvre.

Laissez-moi vous raconter comment on s’est retrouvé avec un mini chiot et une grosse facture.  Il y a une semaine, j’étais en véhicule avec chéri.  Le soir venait de tomber.  On arrive au coin de la rue pour aller au village et là, je le vois, petite chose blanche et noire au milieu d’un buisson.  « Arrrrrrêêêête! Y’a un chiot abandonnée! »  Chéri lève les yeux au ciel, sentant la soupe chaude.  « Il faut le récupérer, il va mourrrriiiiir ».  Il faut parfois braire un peu pour faire entendre raison à l’être aimé.  Chéri se range sur l’accotement et j’ouvre la portière pour foncer telle wonder woman sur l’animal en boule…qui s’enfuit!  Ah, le vilain!  Je n’ose pas aller me dépatouiller avec mes claquettes aux pieds dans cette mare à tricots rayés (de jolis serpents, si ce n’est qu’ils sont très venimeux) pimentée de scolopendres (un mille-pattes hideux comme un pou qui pique avec hargne).  À regret, j’abandonne.
De retour chez moi, je n’arrive pas à me pardonner une telle couillardise.  Mais il va mourrriiiir!  Cette seule perspective suffit à me faire passer une nuit atroce, plongée dans un rêve où les chiots abandonnés m’engueulent en pointant méchamment leurs pattes dans ma direction.  Au réveil, je ne fais ni un ni deux et j’emmène Clopinette et Princesse des îles vers le buisson de la Honte.  Et il est là!  Il est là!  Princesse des îles ne se laisse pas impressionner par le couinement aigu du chiot et l’empoigne pour le presser contre elle.  La petite chose se roule en boule.   Et c’est à ce moment précis que les dés sont jetés :  «  On va l’appeler Bouboule! »  Oh, la la!  Je viens d’adopter un bébé chien, moi? 

Je crois que je suis passée maître dans l’art du doigt dans l’engrenage!

14 nov. 2010

Liste des bonheurs


Un pique-nique à Poé avec une gang de québécois
La pluie qui accompagne la sieste du dimanche
Un texto rigolo envoyé par les enfants
Lulu qui nous annonce qu'il est invité à une "boum"
Le sourire des filles après la séance d'équitation
Jogger au frais tôt le matin
Rire d'une blague avec des inconnus
Faire des boîtes
Défaire des boîtes
Recevoir une lettre par la poste
Écouter de la musique à fond la caisse en conduisant
Débarquer à Nouméa
Bouquiner
Se faire une nouvelle amie (clin d'oeil à Louise, ma complice)
Avoir une tablée d'enfants

13 nov. 2010

La simplicité volontaire
C’est une petite ville bruyante de 16 à 19 heures.  Tout le monde saute dans son pickup pour aller faire les courses au marché.  Koné clame sa nouvelle grandeur avec tout ce monde qui défile à l’heure de pointe.  Le projet de la mine Koniambo a fait bondir la population.  On est ici dans la capitale de la province du Nord, village minuscule qui prétend déjà pouvoir faire compétition d'ici quelques années à Nouméa…  Mais elle a bien peu à offrir si ce n’est ses trois ou quatre marchés d’alimentation aux allées bordées de boîtes de cassoulet et ses ilots de bière Number One que l’on s’arrache sitôt que la journée se termine à l’usine. 
Sa plage est moche, les devantures de ses magasins s’écaillent et ses trottoirs deviennent des tavernes à la tombée du jour. 
Difficile de l’aimer car elle n’a rien à donner.  On a beau courir de gauche à droite, les poches pleines de francs pacifiques, mais on ressort avec des sacs à moitié plein.
C’est comme ça qu’on apprend la simplicité volontaire.  On finit par se contenter de peu.  Et on laisse échapper un grand rire de joie lorsqu’il y a enfin des champignons frais ou des avocats au rayon des fruits et légumes. 

9 nov. 2010

Flic, FLAQUE!
Dormir à Koné, c’est un peu comme roupiller au camping du Mont Ham-sud en Estrie :  le silence nous enveloppe pour finir par laisser filtrer les quelques piaillements matinaux des oiseaux.  À moins bien sûr qu’on ne se fasse arroser par une grosse averse…Alors là, c’est comme une douche sur le toit en tôle.  Ça tape-tape-tape.  Rien de menaçant, juste une autre sorte de ronron comme un bruit de fond qui finit par nous hypnotiser jusqu’à ce qu’on s’évanouisse à nouveau dans les bras de Morphée.
C’est comme ça que je me suis rendormie samedi soir dernier.  Il pleuvait dru.  C’était pas des cordes, c’était des troncs qui tombaient.  SHHHHHHHH!!!!!!!   
Dimanche matin, on se lève sous un soleil pétant, le ciel lavé de toutes traces de nuages.  Mon sourire s’est coincé lorsque j'ai mis le gros orteil dans une flaque d’eau au beau milieu du salon.    Eh, merdouille!  L’eau s’infiltre dans la maison! 
Je me suis mise en colère avec cette flaque boueuse.  Pourquoi?  Moi qui suis pourtant entré en mode zen-vitesse-slow, j’avais envie de rouler le journal en boulettes pour le lancer contre les murs, histoire de me défouler.  J’ai sorti la « moppe » et j’ai fait disparaître le dégât en égrenant quelques jurons qui ont sans doute fait sourire dans sa tombe le cinéaste Falardeau, cet éternel mal engueulé.
Puis, revenue sur terre, je me suis posée cette question :  pourquoi se mettre dans un tel état?
Nous avons posé nos dix valises dans cette maison à la mi-octobre.  D’ici quelques semaines, le container arrivera avec le reste de nos possessions.  On vit dans ce grand F-5 au milieu de tout ce qui constitue notre identité.  Les meubles, les tableaux, les vieux albums photos, les chaises bistro chinées chez l’antiquaire Lacombe, les piles de vieilles revues de déco et une boîte de livres.  Bien sûr, cette collection hétéroclites va s’enrichir d’objets dénichés ici au fil de nos promenades et de nos coups de cœur.  Mais il n’en reste pas moins qu’on vit dans cette grande maison comme dans un refuge pour retrouver un peu de notre vie d’avant.  Dès qu’on met le pied hors de cette demeure, on redevient des touristes.  Des expatriés qui essaient de se fondre dans le paysage de la province Nord.
Ici, entre ces murs, je retrouve mon accent québécois, les bonnes odeurs de ma cuisine et oui, je l’admets, l’écho un peu macho des jurons que je ne me lasse pas de laisser claquer à l’occasion.  Pas de flaques d’eau dans cet espace si jalousement délimité par mes trucs et mes tics.
                                           *************
La pelle mécanique est arrivé mercredi matin.  Les travailleurs vont creuser une tranchée tout autour de la maison pour favoriser le drainage.  Adieu mon gazon embryonnaire!  C’est le prix à payer si je veux retrouver mon beau sourire.

7 nov. 2010

un dimanche après-midi à Pindaï

Le bonheur est à une demi-heure de route

C'est dimanche, il fait 32 degrés et je me liquéfie dans ma cuisine.  Solution?  La plage de Pindaï, petit coin sauvage à une demi-heure de route.  On emballe des boissons gazeuses, un petit reste de vin blanc, quelques croustilles et hop! direction bonheur!!!!

3 nov. 2010

Faire les courses, un sport national

J’aime pousser mon caddie dans les allées d’une épicerie, lire les ingrédients sur les boîtes de conserve et piquer des petites bouchées offertes par une dame en sarrau qui cuisine dans un mini-four des trucs complètement dingues.  Et mon rayon préféré est sans contredit celui des fruits et légumes parce qu’il déborde de couleurs.  Des oranges grosses comme des poings, des laitues croustillantes, des carottes pour trois fois rien, des asperges, quatre ou cinq variétés de tomates, des fines herbes fraîches, des pommes de toutes les couleurs.  Je prends tout.  J’avais   trois supermarchés à cinq minutes de marche de chez moi à Trois-Rivières.
Mais faire les courses version Koné, c’est un véritable décathlon.  Une épreuve où il faut garder l’œil ouvert pour scruter les nouveaux arrivages de boîtes un tant soit peu exotiques parmi  les sempiternelles pommes de terre en purée instant et le lait tablette.  On veut faire plaisir aux enfants avec une boîte de céréales?  Il y en a six variétés, toutes déclinées en version choco-truc-pop.  Du nutella?  Que nenni!  Des yogourts?  Vanille, coco ou sucré.  La glace est cependant à se rouler par terre, surtout celle saveur crème brûlée.  J’ai même pensé en faire un repas principal tellement elle fait l’unanimité parmi mes troupes.
Quant aux rayons des fruits et légumes, c’est digne des pays de l’est avant la chute du mur de Berlin.  Y’a rien ou si peu.  Du melon, du cantaloup et des bananes.  Mais pas à tous les jours.  Il y a bien sûr les mangues mais il faut savoir où se trouve le manguier…Curieusement, il y en a partout sur le bord des routes mais nulle part en épicerie. 
La chasse aux trésors ne se termine jamais : on entre et sort des petits marchés de Koné et de Pouembout en espérant tomber sur le truc rare, comme des pains hamburgers ou de la coriandre fraîche.  Alors ces jours-là, c’est comme si c’était Noël en juillet.  Du bonheur à l’état brut.
Ça fait partie des petits plaisirs de la vie.  Heureusement, le bon vin est abondant et disponible sur toutes les tablettes.